Les soins dentaires sont devenus inabordables


Face à la hausse des dépassements des frais dentaires, l'assurance-maladie entame, vendredi, des négociations avec les dentistes.AFP
Quand il a vu le devis, cet instituteur a compris qu'il ne ferait pas poser les cinq dents sur pivot que son dentiste jugeait nécessaires : la facture s'élevait à 12 500 euros, dont 10 500 à sa charge, après remboursements de la Sécu et de sa mutuelle. "J'y ai renoncé, et ai continué avec ma bouche édentée", lâche-t-il. C'était il y a quatre ans. Il en est toujours là. Une situation courante. Qui n'a pas, en effet, devant un devis pas forcément aussi élevé, pesé le pour et le contre? Pour décider d'engager les frais plus tard. Voire jamais.
>>> Lire l'intégralité des témoignages, "Des dents en moins, et pas les moyens".Le dentaire représente les deux tiers des renoncements aux soins (ou reports) pour raison financière. Face à l'incapacité de payer, chacun a sa façon de faire. Véronique (le prénom a été changé) s'est cassé une dent de devant il y a deux ans. Elle est aide à domicile. Il lui était inenvisageable d'aller travailler avec "un trou" si mal placé, et tout autant inenvisageable de payer une prothèse. Son dentiste a rafistolé un vieil appareil fabriqué pour des molaires. Elle le porte "à l'extérieur", et ne mange surtout pas avec, de peur qu'il ne se casse.
"PROBLÈME DE LAISSER-FAIRE"
D'autres passent par les écoles dentaires, ou retardent le passage chez le dentiste – aux urgences de la Pitié-Salpêtrière à Paris, le nombre de consultations est passé de 13 412 en 2010 à 21 308 en 2011. D'autres encore optent pour l'étranger. C'est ce qu'a fait Christian Prado, informaticien, qui vient d'être opéré en Roumanie par un chirurgien français. Il avait six dents à remplacer. Ce qu'il devait mettre de sa poche est passé de 7 200 à 3 750euros. "Cela reste un montant, mais cette différence a accéléré ma décision", dit-il.
Il y avait déjà les réseaux mutualistes, il y a désormais des centres dentaires low cost. La profession s'en émeut, arguant qu'ils délaissent les soins mal rémunérés par la Sécu et se concentrent sur les prothèses, plus lucratives. Mais leur apparition en dit long: "Ils sont la vitrine de l'incapacité de l'Etat à gérer ce problème des soins dentaires", juge Roland L'Herron, président de la Confédération nationale des syndicats dentaires.
A l'Union nationale des associations familiales (UNAF), la dérive du système inquiète. "Le décalage entre les tarifs des chirurgiens et les remboursements, c'était déjà un problème il y a cinq ans", affirme Nathalie Tellier, chargée de mission. Elle pointe "davantage un problème de laisser-faire que d'envolée des prix".
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